. SERMON du 19e DIMANCHE après la Pentecôte

 

Matines : Jean, XX, 11-18

Liturgie : 2 Cor. – XI, 31-12, 9 et Hébr. XIII, 17-21

Luc VI, 31-36 et Matt. : V, 14-19

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

I – L’épître aux Corinthiens commence par évoquer des vicissitudes matérielles, éventuellement dramatiques - ou pittoresques - du travail missionnaire de saint Paul qui a commencé en disant qu’il ne se vantera que de ses afflictions, mais il passe de là aux faveurs divines dont il pourrait d’aventure tirer gloire. Or là, il nous révèle – mais nous avons déjà compris par d’autres passages – que saint Paul est un mystique, qu’il a été ravi « en esprit ou avec son corps, il ne sait » jusqu’au troisième ciel où il a entendu des paroles ineffables qu’il n’est pas possible à l’homme de communiquer. Mais, afin qu’il n’en tire pas vanité, « un ange de satan » le tourmente dans sa chair. Plusieurs fois, il a demandé au Seigneur de l’en délivrer, mais le Seigneur lui a répondu : « Ma Grâce te suffit ! »

C’est un éclairage saisissant sur la vie mystique de saint Paul, et du même coup sur les réalités de la vie mystique.

Sur celles-ci, l’évangile de matines nous instruit aussi. Marie-Madeleine est devant le Tombeau, elle a vu les deux anges – un à la tête et un au pied – qui lui ont demandé la raison de ses larmes : « Parce que, répond-elle, on a enlevé mon Seigneur et je ne sais où on l’a mis ». Or Jésus lui-même se trouve derrière elle, elle se retourne et lui pose la même question : mais elle ne le reconnaît pas ! De la même manière, les disciples d’Emmaüs ont été abordés par un « étranger », avec lequel ils conversent, qui leur explique, en citant les Ecritures, pourquoi le Christ devait souffrir … Comme ils arrivaient à une auberge et que l’étranger faisait mine de continuer son chemin, ces deux apôtres le prient de manger avec eux, ce qu’il fait. Ils ne l’avaient toujours pas reconnu ! … et ils Le reconnurent à la Fraction du pain.

Les apparitions mystérieuses – c’est le sens de mystique – sont déconcertantes parce que Celui qui apparaît ne relève plus de notre monde. Nos apparences, dirais-je, n’ont plus cours. Au demeurant, le Christ Lui-même dit à Marie-Madeleine : « Ne me touche pas : je ne suis pas encore monté auprès de mon Père » : c’est le Christ–homme, mais ce n’est pas le même aspect que les apôtres avaient connu avant Sa mort et Sa Résurrection.

II – L’évangile du jour commence par cette instruction générale : « Faites aux hommes ce que vous voudriez qu’ils fassent avec vous », mais aussitôt le Christ transcende cette recommandation de bonne compagnie : « Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment … si vous ne donnez qu’à ceux dont vous espérez des bienfaits en retour …, quel gré vous en saura-t-on ? Même les pécheurs font ainsi ». Mais le commandement absolu et révolutionnaire suit aussitôt : « Aimez vos ennemis ».

Personne ne l’avait jamais dit !

Ainsi serez-vous les enfants du Très Haut, qui est bon même envers les ingrats et les méchants.

IIIL’autre épître que vous avez entendue et l’évangile de Matthieu sont propres à la fête des saints Métropolites et thaumaturges de Moscou, Pierre, Alexis, Jonas, Hermogène et Tikhon.

Respectez vos maîtres et soyez-leur soumis, dit l’épître. Que Dieu, qui a ressuscité le Christ, vous rende « accomplis » en toute chose, comme le Christ qui est notre modèle éternel, et que, par là, vous Lui soyez agréable, à travers Jésus-Christ.

L’évangile est singulièrement pertinent pour les hiérarques : « Vous êtes la lumière du monde ».

Votre lumière, poursuit le Christ, « Qu’on la voie ! », car il ne s’agit pas d’être un évêque, un prêtre, un évangélisateur, un fidèle … timides. Qu’on voie ce que vous faites de bien, que ce soit les prédications ou les bonnes œuvres, afin qu’on loue le Seigneur à cause de vous.

Cette incitation à nous manifester ouvertement, à être de véritables disciples du Christ, tels sont le service et l’adoration dus à notre Dieu.

Le Christ ajoute qu’il n’est pas venu pour abolir la Loi, mais pour l’accomplir. Effectivement le Nouveau Testament est dans la ligne de l’Ancien, mais il lui ajoute ce qui en constitue le couronnement. Christ, ici, parle d’un iota, d’une lettre de la Loi, mais attention ! dans une perspective précise : il n’y aura pas un iota, un seul trait de lettre qui ne s’accomplisse ! Ce qui est visé directement c’est ce qui a trait aux aboutissement et aux prophéties. « Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, il n’y aura rien dans la loi qui ne s’accomplisse ».

Certaines choses ont changé : nous, les chrétiens, nous ne nous faisons plus circoncire, car la circoncision prescrite à Abraham et signe distinctif du peuple élu en attendant l’accomplissement de la Promesse, n’a plus lieu d’être puisque le Christ est venu. Ainsi en va-t-il de certaines prescriptions alimentaires.

Mais les commandements proprement dits demeurent : celui qui aura violé un seul de ces petits commandements sera appelé tout petit dans le Royaume des Cieux.

 

Soyons donc fidèles, dans l’église, et avec de saints hiérarques, à tout ce qui nous a été ordonné !

 

AMIN