4° Dimanche – Saint Jean Climaque
En ce quatrième dimanche du Grand-Carême, l’Église célèbre la mémoire de saint Jean Climaque qui, à l’âge de 16 ans, a gravi la montagne du Sinaï pour y mener son combat spirituel. Ses contemporains témoignent de lui qu’à 16 ans il avait déjà atteint la sagesse parfaite d’un homme de mille ans. Le jour de sa mémoire, ce sont les Béatitudes qui, en Église, sont lues pour l’Evangile. En me servant des paroles des saints Pères, je me propose de vous parler de cette Loi Evangélique que le Seigneur nous a donnée sur la montagne de Galilée.
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les prophètes, Je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir », dit le Seigneur. Si nous comparons la Loi de Moïse et la Loi de l’Evangile, nous constatons qu’une différence essentielle les sépare. Lorsque nous lisons la Bible, nous voyons combien la Loi de Moïse, austère et rigoureuse, avait été proclamée parmi les tonnerres et les éclairs d’un son de cor terrifiant. Alors que la Loi Evangélique, baignée de grâce, a été annoncée au monde un jour de printemps, sous une brise légère venue du lac de Galilée, venant balayer le flanc d’une colline parsemée de verdure et de fleurs. Là-bas, dans l’Ancien Testament, des nuages épais et menaçants dissimulaient le sommet du Mont Sinaï et la voix d’un Dieu invisible terrifiait les fils d’Israël, tandis qu’ici des Paroles de Vie éternelle sortaient de la bouche très-pure de notre Seigneur Jésus, au cœur humble, et caressaient le cœur de ceux qui étaient venus l’écouter. Là-bas, dans l’Ancien Testament, sous peine de mourir, nul n’osait s’approcher de la montagne plus près que la limite prévue, tandis que là, une foule compacte se pressait autour du Seigneur, s’efforçant d’approcher le plus près possible de Lui et d’effleurer ne serait-ce que les vêtements de ce Législateur débordant d’amour qui respirait la paix et le pouvoir de guérison. Dans le Nouveau Testament, le Maître céleste ne restreint pas la liberté de ceux qui L’approchent par des directives sévères, Il ne les effraie pas par des menaces. Il ne fait qu’indiquer ce que tout le monde recherche, ce à quoi aspire tout homme. Il parle du bonheur, de la béatitude, en indiquant le moyen d’y parvenir. Il n’ordonne rien, mais tel un père aimant, de Sa voix douce, incite les gens à les réaliser : bienheureux ceux dont la conscience est en paix, dit le Christ, ceux qui ont un cœur bon et joyeux, et ont une conscience ferme en une vie future bienheureuse.
La Loi qui avait été donnée sur le mont Sinaï était une loi d’une vérité légale dure et rigoureuse. La Loi évangélique est une Loi d’amour. En elle se sont fondues la Vérité de l’Ancien Testament et la Grâce du Nouveau Testament. Dans la Loi évangélique, ainsi que le dit le psalmiste David : « La justice et la paix s’embrassent ». De plus, lorsque l’Ancienne Loi nous dit : « Ne fais pas le mal », la Nouvelle Loi ajoute : « et ne pense même pas au mal ; que la simple pensée du mal ne vienne effleurer ton cœur ». La Nouvelle Loi extirpe de nos cœurs les racines mêmes du mal.
La Loi Nouvelle nous a été donnée dans le Sermon sur la Montagne, qui débute par ces mots : « Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux ». Non pas ceux qui sont matériellement pauvres, car ce genre de pauvreté peut avoir pour origine la paresse ou l’oisiveté . Non pas ceux qui hypocritement font mine de s’humilier, mais ceux qui se considèrent réellement plus mauvais que les autres, qui voient leurs propres défauts, qui sont conscients de leur impuissance, qui ne se considèrent pas être supérieurs aux autres par l’intelligence, qui recourent à Dieu pour obtenir Son aide « comme les pauvres demandent l’aumône aux riches ».
De tels "pauvres en esprit" peuvent être aussi bien des riches que des pauvres. Les pauvres sont réellement pauvres quand, avec gratitude envers Dieu, sans rechigner, ils portent la croix de leur pauvreté, travaillent du mieux qu'ils le peuvent et seulement en cas d'extrême nécessité recourent à l'aide de leurs proches ; et les riches sont pauvres lorsqu'ils ne se considèrent pas être des maîtres, mais seulement comme des intendants de bénédictions terrestres qui leur sont confiées par Dieu ; ils ne sont pas fiers de leur richesse, mais l'utilisent pour la gloire de Dieu au profit de leurs proches. Abraham était riche, mais il disait de lui-même : « Je suis poussière et cendre ». David était roi, mais il implorait Dieu humblement : « Je ne suis qu’un ver de terre, pauvre et misérable, pas un homme ». Les "pauvres en esprit" sont des pauvres et des riches, des ignorants commedes sages, des propriétairescomme des travailleurs, ce sont tous ceux qui ont acquis la vertu d'humilité et à qui appartient la béatitude. Les humbles de cœur, déjà ici sur terre, ressentent la joie et la paix bénie dont les gens fiers n'ont pas la moindre idée. Il n'est rien aux yeux de Dieu de plus cher que l'humilité. Sans humilité, il ne peut y avoir de salut, car sans humilité aucune vertu ne peut être agréable à Dieu, ne peut être spirituellement édifiante et salvatrice pour l'homme. Tant il est vrai que toutes les calamités qui affligent le monde proviennent de l’orgueil. N’oublions pas que l'ange de lumière, par orgueil, est devenu l'ennemi de Dieu, le diable, et Adam, espérant devenir égal à Dieu, est devenu mortel. L'orgueil est source de toute iniquité.
C'est la raison pour laquelle le Christ propose d'extirper l’orgueil du cœur de l'homme. C'est la raison pour laquelle le Christ nous offre l'humilité, telle un roc solide, sur lequel toutes les vertus peuvent être édifiées en toute sécurité. S'il n'y a pas de «pauvreté spirituelle», c'est-à-dire d'humilité, nous dit Saint Jean Chrysostome – «même si tu te distingues par le jeûne, la prière, l'aumône, la chasteté, même si tu possèdes toutes les autres vertus, tout cela s'effondrera et périra sil’humilité n’est pas présente», comme cela s'est produit avec le pharisien de l'évangile.
Saint Jean Climaque souligne trois signes principaux de la véritable humilité : 1-er signe - lorsque l'âme accepte avec joie toute humiliation, toute insulte, comme un remède qui guérit les maux découlant du péché ; 2-ème signe - lorsque vous n'êtes pas en colère contre quoi que ce soit ou qui que ce soit ; 3-ème signe - lorsque vous ne faites pas confiance à vos propres vertus, mais que vous voulez constamment apprendre la bonté, la vie au nom et à la gloire de Dieu.
Tous les ascètes, tous les saints possédaient cette humilité. Nous avons un modèle parfait d'humilité en la personne de notre Seigneur Jésus-Christ. « Recevez mes instructions – dit-Il –car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez du repos pour vos âmes ». Si Lui, Qui est sans péché, S'humilie ainsi, devons-nous, nous qui sommes pécheurs, être fiers, nous enorgueillir ? Et pourtant nous continuons à avanceravec orgueil.
Celui qui a acquis le don de «pauvreté spirituelle» voit toujours ses défauts, ses péchés, il les pleure et les regrette, et il n’ouvre plus sa bouche pour condamner les autres. Amen.
Évêque MITROPHANE /Znosko-Borovsky/
Неделя 4-я Великого поста
Дорогие, сегодня, в 4-ое воскресенье Великого Поста, св. Церковь вспоминает преп. Иоанна Лествичника, на 16-м году взошедшем для подвига на Синайскую гору. О нем говорят его современники, что на 16-м году жизни своей Иоанн был «тысячелетен совершенством разума». В день его памяти оглашаются в Евангельском чтении Заповеди Блаженства. Словами св. Отцов Церкви скажу вам об этом благодатном Евангельском Законе, который возвестил Господь на горе Галилейской.
«Не думайте, что Я пришел нарушить Закон или пророков: не нарушить пришел Я, но исполнить», – говорит Господь. Сравнивая Закон Моисея с Евангельским Законом, мы обнаруживаем между ними существенную разницу. Помните, Библия повествует о том, как суровый Закон Моисея был провозглашен среди громов и молний, грозно раздававшимся трубным гласом. – А вот благодатный Евангельский Закон возвещен мiру среди весеннего дня при тихом веянии прохлады с Галилейского озера, на склоне горы, покрытой зеленью и цветами. Там, в Ветхом Завете, – густые грозные тучи закрывали вершину Синая и глас Невидимого Бога поражал ужасом сынов Израилевых. – Здесь же сладостно для сердца возвещались глаголы Жизни вечной из пречистых уст кроткого и смиренного сердцем Господа Иисуса. Там – в Ветхом Завете – под страхом смерти никто не смел подойти к горе ближе намеченной черты, – а здесь народ тесною толпою окружал Христа, стараясь как можно ближе подойти и хотя бы прикоснуться к одежде любвеобильного Законодавца, источавшего мир и всеисцеляющую силу. В Новом Завете Небесный Учитель не стесняет свободы приходящих к Нему суровым повелением, не устрашает угрозами, Он только указывает то, чего все ищут, к чему стремится каждый человек ; Он говорит о счастье, о блаженстве, и указывает путь к этому блаженству. Он не приказывает, а лишь, как любящий Отец, побуждает к исполнению их Своим тихим любящим словом : блаженны – счастливы, – говорит Христосъ, – кто имеет мир в совести, доброту и радость в сердце и уверенность в будущей жизни блаженной.
На Синае данный Закон был законом суровой судебной правды. Евангельский Закон это – Закон Любви ; в нем соединились истина, правда Ветхого Завета, с Новозаветной милостью. В Евангельском Законе, как говорит Давид псалмопевец : «Правда и мир облобызались». Более того, если Ветхий Закон говорит : «Не делай зла», Новый Закон говорит: «и не думай о зле, о нем и мысли к сердцу не допускай». Новый Закон, таким образом, из сердца исторгает самые корни зла.
Евангельский Закон дан нам в Нагорной Проповеди и начинается он словами : «Блаженны нищие духом, ибо тех есть Царствие Небесное». Не те блаженны, которые бедны материально, – эта бедность может быть и от лени и от праздности, – не те блаженны, которые смиряют себя лицемерно или поневоле перед людьми, а те блаженны, кто считает себя хуже других, кто видит свои недостатки, сознает немощность своих сил, не превозносится своим умом, кто прибегает к Богу за благодатной помощью, как нищие просят милостыни у богатых.
Такими "нищими духом" могут быть и нищие и богатые. Нищие – бедные, когда они с благодарностью Богу, без ропота несут крест своей нищеты, трудясь в меру сил, только в случаях крайней необходимости прибегая за помощью к ближним ; а богатые – когда считают себя не хозяевами, а только приставниками у Богом им вверенных земных благ, не гордятся своим богатством, но употребляют его во славу Божию, на пользу ближним. Богат был Авраам, но он говорил о себе : «Я прах и пепел». Царем был Давид, но он смиренно взывал к Богу : «Я червь, а не человек, нищ и убог». "Нищие духом" это бедные и богатые, простецы и мудрецы, господа и рабочие, это все, кто стяжал добродетель смирения, и им принадлежит блаженство. Смиренные сердцем, еще здесь на земле, ощущают радость и благодатный мир, о которых гордые люди и понятия не имеют. Нет ничего, в очах Божиих, дороже смирения. Без смирения нет и спасения, потому что без смирения ни одна добродетель не может быть угодна Богу, не может быть духовно созидающей и спасительной для человека. Ведь, все бедствия, удручающие мiръ, произошли от гордости. И ангел света по гордости стал противником Богу, диаволом, и Адам, надеясь стать Богу равным, сделался смертным. Гордость это – источник всякого нечестия.
Вот почему Христосъ предлагает с корнем исторгнуть гордость из сердца человеческого, вот почему Христосъ предлагает нам смирение, как крепкий камень, на котором можно безопасно созидать все добродетели. Если не будет "нищеты духовной", т.е. смирения говорит св.Иоанн Златоуст– «хотя бы ты отличался постом, молитвой, милостыней, целомудрием, хотя бы ты имел все другие добродетели, все это без смирения разрушится и погибнет», как это случилось с евангельским фарисеем.
Преподобный Иоанн Лествичник указывает на три главных признака истинного смирения: 1-ый признак – когда душа с радостью принимает всякое уничижение, всякое оскорбление, как врачевство, исцеляющее недуги греховные; 2-ой признак – когда ни на что и ни на кого не гневаешься; 3-ий признак – когда не доверяешь своим добродетелям и постоянно желаешь научаться добру, жизни во имя и во славу Божию.
Таким смирением обладали все подвижники, все святые. Образец же смирения имеем мы в Господе нашем Иисусе Христе. «Научитесь от Меня, – говорит Он, – ибо Я кроток и смирен сердцем, и найдете покой душам вашим». Если Он, безгрешный, так смирял Себя, то нам ли, грешникам, гордиться, превозноситься? – а ведь мы в гордости-то и ходим.
Кто приобрел дар "нищеты духовной", тот всегда видит свои недостатки, свои грехи, о них скорбит и плачет, закрывая свои уста для осуждения ближних. Аминь.
Епископъ МИТРОФАНЪ /Зноско-Боровскiй/