DIMANCHE avant la CROIX
Parabole des talents
Liturgie : Gal. VI, 11-18 ; Jean III, 13-17
2 Cor. VI, 1-10 ; Matt. XXV, 14-30
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
I – La péricope de l’Épître aux Galates évoque les manœuvres ou insinuations de ceux qui visaient à faire circoncire les nouveaux chrétiens. Mais les circoncis eux-mêmes n’observent pas la Loi. Ce qu’ils veulent c’est « se glorifier dans votre chair » en vous incitant à suivre les coutumes israélites – et par suite à diminuer votre adhésion au christianisme. Mais, dit l’apôtre, à Dieu ne plaise que je me glorifie d’autre chose que de la croix de Jésus-Christ par laquelle – et faites attention à la profondeur de cette considération – le monde est crucifié à mon égard et moi je suis crucifié au monde ! Le fait d’avoir embrassé le christianisme change totalement la relation du chrétien avec le monde environnant. Le monde, pour lui, est marqué par la Croix, comme lui-même porte le sceau de la croix. Là est la mutation fondamentale.
Alors, on vous conseille de vous faire circoncire par prudence ? Sottise ! car en Jésus Christ, il ne sert à rien d’être circoncis ou de ne pas l’être : ce qu’il faut, c’est être une nouvelle créature. Et pour tous ceux qui suivront cette règle, Paix et Bénédiction !
Le christianisme change tout dans le comportement vis-à-vis du monde et dans l’évaluation des relations avec lui. Nous sommes persécutés, poursuivis. Nous supportons tout avec patience, on nous considère comme démunis, comme perdus, alors qu’en fait nous possédons tout. Ce n’est pas des apparences qu’il s’agit, mais de la réalité profonde. Certes, dans les vicissitudes et les persécutions, nous sommes en apparence réduits à bien peu de choses, mais en fait nous possédons tout car nous sommes avec le Christ !
II – La péricope de Jean est d’une profondeur saisissante et explique ces paradoxes apparents. Nul, commence le Seigneur, n’est monté au ciel que Celui qui en est descendu, ceci s’applique au Fils de l’homme, mais il poursuit par l’évocation biblique dont paraît alors toute la signification. Comme Moïse éleva le serpent dans le désert – ce serpent qui guérissait ceux qui étaient modus par les serpents terrestres – il faut que semblablement le Christ soit élevé sur la croix pour sauver tous les hommes croyants. Suit l’explication suprême : Dieu n’a pas envoyé Son Fils pour condamner le monde, mais afin que le monde soit sauvé par Lui !
Mais de ces hauteurs scripturaires, la péricope de l’évangile de Matthieu nous ramène à notre niveau terrestre. C’est l’apologue de cet homme qui, partant en voyage, confie une certaine somme à certains de ses serviteurs. A l’un, il donna cinq talents, à l’autre deux, au troisième un seul. Le maître part, il reste longtemps absent et lorsqu’il revient, il demande des comptes à ses serviteurs. Celui qui avait reçu cinq talents lui en rapporte cinq autres qu’il avait fait fructifier à la banque. Il reçoit les compliments du maître et la promesse d’une récompense ultérieure. Celui qui avait reçu deux talents, en rapporte pareillement deux autres qu’il avait pareillement fait fructifier. Celui qui n’en avait reçu qu’un, le rapporte sans bénéfice.
Le maître l’interroge sur son infécondité et le serviteur répond : « Je te connais, tu es un homme dur et tu récoltes là où tu n’as pas semé. J’ai donc enseveli le talent que tu m’avais confié et je te le rapporte ». Le maître blâme vigoureusement ce serviteur improductif et le fait lier et jeter dans les ténèbres extérieures.
Nous sommes peu de choses, Frères et Sœurs bien-aimés, nous sommes éventuellement persécutés, mais Christ, tel le serpent d’airain, n’est pas venu pour condamner le monde, mais pour sauver ceux qui croiront en Lui.
Même si nous n’avions qu’un denier, faisons-le fructifier : Dieu nous rendra au centuple.
AMIN
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