SERMON sur l’ANTIPÂQUE ou DIMANCHE de THOMAS

Actes V, 12-20

Jean XX, 19-31

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !

Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

I Antipâque, car elle est en regard de la Pâque et lui faisant suite : nous sommes encore dans la Semaine Lumineuse et l’anti-pâque est aussi le Dimanche de Thomas. La Résurrection est hors de toute norme et elle a perturbé les plus fidèles : l’Évangile, premier des onze, lu hier soir, raconte l’apparition du Christ à Ses apôtres sur cette montagne de Galilée qu’Il leur avait indiquée ; Il leur parle, les apôtres, même ceux qui avaient douté, se sont tous prosternés …

Dans les semaines qui ont suivi, Thomas ne se distingue pas des autres apôtres qui se retrouvaient au Portique de Salomon, étaient entourés et faisaient des miracles ...

Ce Thomas avait été choisi par Jésus. Dès le commencement, il faisait partie des douze. Il avait suivi Jésus pendant les trois années de son ministère. La vie des apôtres était une vie difficile d’errance et d’épreuves que décrit ensuite l’apôtre Paul dans ses épîtres. On les tenait facilement pour des illuminés, des moins que rien. Ils devaient travailler de leurs mains pour subsister, ils étaient pauvres, ils souffraient de la faim, de la soif, du froid. On les frappait éventuellement, on les calomniait, on les insultait. Eux, en revanche, dit encore saint Paul, ils bénissaient, ils priaient pour ceux qui les maltraitaient. Vie de misère et d’épreuves !

Pendant trois ans, Thomas avait suivi, il avait supporté, « sans hésitation ni murmure », dirions-nous. Il ne se mettait pas en avant, il était simplement et humblement un fidèle compagnon du Christ.

Mais les trois fois où les évangiles le mentionnent personnellement sont riches d’enseignement pour nous, révélatrices aussi de sa personnalité.

Lors de la mort de Lazare, Christ, en dépit de toutes les menaces, les avertissements, les dissuasions, voulait monter à Jérusalem peu avant la Pâque, Thomas alors s’exclama : « Allons-y aussi et mourons avec Lui ! » Ce n’était pas un tiède, mais un fidèle et un courageux.

A la spontanéité et à la simplicité de cet apôtre, nous devons une réponse fondamentale pour la vie spirituelle. Jésus avait parlé de la maison de Son Père où il y a beaucoup de demeures et où Il allait préparer aussi leur demeure … « Vous savez où je vais … » et Thomas l’interrompt et lui dit : « Seigneur nous ne savons pas où tu vas : comment pourrions-nous connaître le chemin ? » et le Christ notre Dieu répond : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ! » ya put’ instina i jizn’ : Tout est dit ! C’est vrai, l’honnête Thomas avait été surpris et déconcerté …

II Mais en cette occurrence-ci …

C’était sitôt après la Crucifixion. Les apôtres étaient dans le trouble et l’affliction. Ils s’étaient réunis dans un lieu fermé « par crainte des Juifs ». Or voici que, toutes portes étant closes, Jésus fut avec eux, Il leur dit : « La Paix soit avec vous », leur montra Ses mains et Ses pieds, souffla sur eux et leur donna le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés … Thomas n’était pas présent, mais quand les autres apôtres lui racontèrent qu’ils avaient vu le Seigneur, alors là l’humble patient et courageux Thomas ne suit plus ! « Si je ne vois pas la traces des clous, si je ne mets pas mon doigt dans les plaies, si je ne mets pas ma main dans Son côté, je ne croirais pas ! »

Il est vraiment « dépassé » … « Bloqué » dirions-nous même : il ne peut plus.

Pourquoi, bien-aimés Frères et Sœurs ?

Certes, Jésus était le Christ. Thomas en était convaincu … Mais là, il ne peut plus, parce qu’il se trouve en fait devant LA DIVINITÉ du Christ !

Vous avez entendu la suite : huit jours après, tous étant rassemblés et Thomas avec eux, les portes étant pareillement fermées, Christ fut à nouveau parmi eux  … « La Paix soit avec vous ! » et Il s’adresse à Thomas  : « Thomas, avance ton doigt …, ta main …et ne soit plus incrédule … ». Thomas s’exécute et s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » – ce que nous répétons après lui, des siècles après.

Lui, l’incrédule momentané, il a été le premier à reconnaître LA DIVINITÉ du Christ.

III Récit inoubliable, imprimé dans nos cœurs : le Christ n’était pas seulement un homme : Il était Dieu !Mais cet épisode évangélique, ce n’est pas seulement un fait historique ancien. TOUS LES DIMANCHES, Frères et Sœurs bien-aimés, VOUS LE VOYEZ ! A un certain moment de la Liturgie, après la Consécration et tout de suite après la récitation du Notre Père, avant : « Les choses saintes aux saints ! », vous le savez, on ferme le rideau du sanctuaire. TOUTES PORTES ÉTANT CLOSES, c’est la communion du clergé. Les diacres, le prêtre s’embrassent sur les épaules en disant : – « Christ est parmi nous », et la réponse est : « Il est et sera ! » Parce que le Christ est vraiment présent. Perceptiblement et invisiblement.

La chaleur aussi est perceptible et on ne la voit pas !

Ce n’est pas, pour votre clergé, la « peur des Juifs », mais l’accomplissement du commandement.

Mais tout de suite après, les portes s’ouvrent, et c’est vous les fidèles justement préparés qui recevez, visiblement et perceptiblement, le Corps et le Sang de Jésus-Christ.

Le Sanctuaire s’ouvre sur l’Église, comme l’Église sur le Monde, et c’est le Christ Dieu qui est avec nous !

Restons toujours avec Lui !

AMIN

 

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A l'issue de la Liturgie de Thomas, le clergé procède à la fraction de l'ARTOS. Il convient de rappeler la signification de ce rite et de ce Pain que nous nommons de son nom en langue grecque.

Quarante jours après la Résurrection, le Seigneur-Dieu est monté dans les cieux. Toutefois, les apôtres ont continué de se rassembler comme ils le faisaient auparavant pour prier et pour partager ensemble le repas. A la place désormais vide du Christ, ils posaient un Pain et, à la suite des apôtres, l’Église primitive - et il en est ainsi jusqu'à maintenant - a pris l'habitude de confectionner un Pain spécial le jour de Pâque. Ce Pain, signe de ce que notre Seigneur Jésus-Christ est notre PAIN DE VIE, a participé avec nous à toute la célébration pascale, a fait la procession avec nous, puis il est resté placé devant les portes royales ouvertes durant toute la Semaine Lumineuse en signe de la présence réelle et visible du Seigneur parmi nous.

Les morceaux de cet Artos distribués à la fin de la Liturgie ne doivent pas être consommés immédiatement, comme l'antidoron ou comme une prosphore habituelle. L'Artos doit être conservé soigneusement, tout comme l'eau bénite, et sera consommé à des moments particuliers de notre vie, maladies, épreuves en tout genre, à jeun et en disant « CHRIST EST RESSUSCITÉ ! » .

Protodiacre Germain

 

 

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