DIMANCHE du PUBLICAIN et du PHARISIEN
Matines : Luc : XXIV, 12-35
Liturgie : 2 Tim III, 10-15 ; Luc XVIII, 10-14
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT
Bien-aimés Frères et Sœurs
Il y a quelques jours, l’évangile rappelait que, ayant appris l’arrestation du Baptiste Jean, Jésus se retira dans la Galilée. Il vint à Capharnaüm, sur les confins de Zabulon et de Nephtali, dans la Galilée des Gentils. Ce fut alors pour ces peuples « la grande Lumière » dont avaient parlé les Prophètes ; prenant en somme la suite de Jean le Précurseur, le Christ se mit à prêcher la pénitence …
Il était au-delà du Jourdain et nous, tel le mythique Israël, nous nous trouvons à Jérusalem, bien mieux même, en cette semaine du publicain et du pharisien qui est pour nous un temps sans jeûne ! Mais n’oublions pas pour autant, que nous nous acheminons vers ce temps d’intense pénitence qu’est le Grand Carême.
L’évangile de Matines de la semaine dernière évoquait le témoignage des Myrrhophores qui s’étant rendues au Tombeau, n’y trouvèrent pas le Corps du Christ, elles virent les bandelettes à terre et les anges lumineux leur dirent que Christ était vivant, ressuscité, et qu’Il précéderait les apôtres en Galilée. Ces saintes femmes racontèrent aux apôtres qui ne les crurent pas : seul Pierre se rendit au Sépulcre, il le trouva vide, vit les bandelettes à terre et rentra chez lui dans l’étonnement.
L’évangile de Matines d’aujourd’hui est celui des « Pèlerins d’Emmaüs ». Ces deux fidèles se rendaient donc à Emmaüs, tout près de Jérusalem, et ils parlaient de ce qui venait d’arriver. Ils étaient très tristes. Le Christ Lui-même se joignit à eux – mais ils ne L’identifièrent pas –, leur demanda de quoi ils parlaient et pourquoi ils étaient si tristes. Ils répondirent évoquant leurs espoirs déçus … « Gens de peu d’intelligence et de peu de cœurs ! leur dit le Seigneur, ne fallait-il pas que le Christ souffrît et qu’il entrât ainsi dans la gloire ? » Commençant par Moïse, Il leur expliqua tout ce qui dans les Ecritures Le concernait. Tout en parlant, ils arrivèrent à Emmaüs, le Christ fit mine de poursuivre son chemin et les deux disciples L’invitèrent à entrer à l’auberge et à manger avec eux. On leur porta le pain, Il le bénit, le rompit et le leur donna : alors ils Le reconnurent ! Aussitôt, Il se dissipa à leur vue. Lumineusement éclairés, ils décidèrent de rentrer aussitôt à Jérusalem et ils racontèrent aux autres disciples comment le Christ leur avait parlé, les avait instruits et comment, sortant de leur inconnaissance, ils Le reconnurent à la fraction du pain !
Le Seigneur est tout près de nous, frères et sœurs bien-aimés : Il attend que nous Le reconnaissions …
Mais il est facile de ne pas L’apercevoir : parce que nous pensons à autre chose, à ce qui n’est pas Lui : à nous, en fait, et nous ne Le remarquons pas. C’est ce qui apparaît dans la péricope d’aujourd’hui. L’évangile de ce Dimanche initial du Triode évoque en effet les comportements, non seulement différents mais opposés, du pharisien et du publicain, venus tous deux dans le Temple pour y prier.
Les Pharisiens étaient l’élite religieuse de la société juive. Ils connaissaient et étudiaient les Ecritures et ils observaient scrupuleusement la Loi. Or le pharisien dont il est question ici, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : il remerciait Dieu de n’être pas comme la plupart des hommes intéressés, voleurs, adultères, ou même simplement comme ce publicain ! … Je jeûne deux fois par semaine, argumentait-il – nous aussi, mes frères, en temps ordinaire, nous jeûnons deux fois par semaine … - je donne la dîme – c'est-à-dire le dixième des revenus – au clergé.
Le pharisien avait donc le comportement prescrit de l’élite religieuse d’Israël : d’où sa satisfaction non seulement implicite, mais même explicite dans sa pensée.
Le publicain au contraire n’osait même pas trop s’avancer dans le Temple. Il se frappait la poitrine disant humblement : ô Dieu, aie pitié de moi pécheur ! - ce que nous disons sans nous lasser dans la « prière de Jésus ».
Or le Christ conclut : celui-ci – le publicain – s’en alla justifié dans sa maison, préférablement à l’autre – notez d’ailleurs la bienveillante modération du texte évangélique –, car, et voici l’enseignement fondamental – « quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé ».
Que le Seigneur nous donne, bien-aimés Frères et Sœurs, en ce Triode qui nous achemine vers le Carême, l’HUMILITÉ DU PUBLICAIN !
AMIN
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