DIMANCHE après EXALTATION
19 e DIMANCHE après PENTECÔTE
Saint Martyr Eustathe-Placide
Matines : Jean, XX, 11-18
Liturgie : Gal. II, 16-20 ; Marc VIII, 34–IX, 1
2 Cor . XI, 31–XII, 9 ; Luc, VI, 31-36
Ephés. VI, 10-17 ; Luc, XXI, 12-19
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT
Bien-aimés Frères et Sœurs
I – Nous avons en ce jour de nombreux textes, ceux du dimanche après la croix, ceux du jour et enfin ceux des Martyrs que nous célébrons aujourd’hui.
Dans l’épître aux Galates, l’apôtre Paul réaffirme catégoriquement que nul n’est sauvé par la Loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ. Les anciens Juifs, comme il le dit ailleurs, ont parfois fait des prodiges d’héroïsme ou d’ascétisme, mais ils n’ont pas reçu leur récompense, car Dieu a voulu qu’ils ne la reçoivent pas sans nous ! C’est seulement par Jésus-Christ que les hommes sont sauvés : telle est la certitude des chrétiens. Par la loi, je suis mort à la Loi. Ce n’est pas moi qui vis, ajoute-t-il, mais le Christ qui vit en moi. Je vis par la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré pour moi.
L’épître aux Corinthiens évoque des vicissitudes matérielles, éventuellement dramatiques, du travail missionnaire de saint Paul qui a commencé en disant qu’il ne se vantera que de ses afflictions, mais il passe de là aux faveurs divines dont il pourrait d’aventure tirer gloire. Or là, il nous révèle – mais nous avons déjà compris par d’autres passages, que saint Paul est un mystique –, qu’il a été ravi « en esprit ou avec son corps, il ne sait » jusqu’au troisième ciel où il a entendu des paroles ineffables qu’il n’est pas possible à l’homme de communiquer. Mais, afin qu’il n’en tire pas vanité, « un ange de Satan » le tourmente dans sa chair. Plusieurs fois, il a demandé au Seigneur de l’en délivrer, mais le Seigneur lui a répondu : « Ma Grâce te suffit ! ».
C’est un éclairage saisissant sur la vie mystique de saint Paul, et du même coup sur les réalités de la vie mystique.
Sur celles-ci, l’évangile de matines nous instruit aussi. Marie-Madeleine est devant le Tombeau, elle a vu les deux anges – un à la tête et un au pied – qui lui ont demandé la raison de ses larmes : « Parce que, répond-elle, on a enlevé mon Seigneur et je ne sais où on l’a mis ». Or Jésus Lui-même se trouve derrière elle, elle se retourne et Lui pose la même question : mais elle ne Le reconnaît pas ! De la même manière, les disciples d’Emmaüs ont été abordés par un « étranger », avec lequel ils conversent, qui leur explique, en citant les Ecritures, pourquoi le Christ devait souffrir … Comme ils arrivaient à une auberge et que l’étranger faisait mine de continuer son chemin, ces deux apôtres le prient de manger avec eux, ce qu’il fait. Ils ne l’avaient toujours pas reconnu ! … et ils Le reconnurent à la Fraction du pain.
Les apparitions mystérieuses – c’est le sens de mystique – sont déconcertantes parce que Celui qui apparaît ne relève plus de notre monde. Nos apparences, dirais-je, n’ont plus cours. Au demeurant, le Christ Lui-même dit à Marie-Madeleine : « Ne me touche pas : je ne suis pas encore monté auprès de mon Père » : c’est le Christ homme, mais ce n’est pas le même aspect que les apôtres avaient connu avant Sa mort et Sa Résurrection.
II – Celui qui veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne SA CROIX et Me suive. Christ développe alors en disant : celui qui veut sauver sa vie, la perdra, et celui qui perd sa vie à cause de Moi et de l’évangile la sauvera. A quoi servirait de gagner le monde et de perdre son âme ? Celui qui aura eu honte de Moi, le Fils de l’Homme aura honte de lui quand Il viendra dans Sa Gloire. Il faut assumer la souffrance : cependant certains d’entre vous ne mourront pas avant d’avoir vu le royaume de Dieu paraître dans sa puissance. C’est, quant aux apôtres, allusion à la Transfiguration, et pour les fidèles ayant pris leur croix, l’annonce des consolations mystiques.
L’évangile du 19e dimanche commence par cette instruction générale : « Faites aux hommes ce que vous voudriez qu’ils fassent avec vous », mais aussitôt le Christ transcende cette recommandation de bonne compagnie : « Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment … si vous ne donnez qu’à ceux dont vous espérez des bienfaits en retour …, quel gré vous en saura-t-on ? Même les pécheurs font ainsi ». Mais le commandement absolu et révolutionnaire suit aussitôt : « aimez vos ennemis ».
Personne ne l’avait jamais dit !
Ainsi serez-vous les enfants du Très Haut, qui est bon même envers les ingrats et les méchants.
III – L’autre épître que vous avez entendue et l’évangile de Matthieu sont propres à la fête des martyrs Eustathe-Placide et de leurs compagnons honorés en ce jour.
Respectez vos maîtres et soyez-leur soumis, dit l’épître plus haut. Que Dieu, qui a ressuscité le Christ, vous rende « accomplis » en toute chose, comme le Christ qui est notre modèle éternel. « Fortifiez-vous dans le Seigneur … Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu afin que vous puissiez résister aux embûches du démon ». C’est en effet contre les esprits malins que nous devons lutter. Soyez donc fermes, « ayant la vérité pour ceinture, la cuirasse de justice, pour sandales le zèle à prêcher l’évangile, et, par-dessus tout le bouclier de la foi, le casque du salut et l’épée de l’Esprit qui est la parole de Dieu ».
L’évangile est singulièrement pertinent pour des martyrs. Vous serez persécutés partout, on vous mettra en prison, on vous persécutera à cause de Mon nom et cela vous servira de témoignage. La signification de « martyr » est en effet celle de témoin. Ne vous préoccupez pas de ce que vous répondrez : Je mettrai dans vos bouches une sagesse à laquelle on ne peut résister. Vous serez trahis par vos parents et vos proches, par vos amis Ils vous feront mourir … Mais il ne se perdra pas un cheveu de votre tête - ce qui est une allusion à Samson et à sa force. D’où la conclusion : « Possédez vos âmes par votre patience ! »
Les embûches, les souffrances, les tentations même ne nous manqueront pas : mais, avec les armes de la foi, prenons notre Croix et sachons que le Christ est toujours avec nous !
AMIN
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