DORMITION de la MERE DE DIEU
Au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit !
Bien aimés Frères et Sœurs,
I – A) Dormition, c’est le mot dont on se sert, s’agissant des saints ou de simples fidèles, pour parler de leur mort. La Mère de Dieu et toujours Vierge Marie est donc morte le 15 / 28 août, au village de Gethsémani.
Tous les apôtres, miraculeusement rassemblés par la voie des airs, se trouvèrent là pour célébrer ses funérailles, sauf un – dont la tradition dit que c’était l’apôtre Thomas. Il arriva donc en retard, funérailles terminées.
« Ce n’est pas possible, - déclara ce retardataire - la Mère du Christ, celle qui L’a porté dans son sein, ne peut pas mourir : son corps ne peut pas être voué à la corruption ! »
Les autres confirmèrent pourtant qu’ils venaient de l’ensevelir. « Où l’avez-vous mise ? » demanda Thomas. On lui montra le sépulcre. – « Ouvrez-le ! » dit-il. Cet apôtre, vous le savez, n’était pas porté à admettre ce qu’il ne voyait pas. On ouvre le tombeau et le corps de la Mère de Dieu n’y était plus ! Mais le tombeau vide embaumait d’une odeur merveilleuse. L’odeur de sainteté, comme vous savez. Des peintres ont représenté la scène avec le sépulcre ouvert plein de roses.
Effectivement, le corps de celle qui a porté le Christ n’a pas connu la corruption. Voilà ce que nous savons et que nous apporte la Foi transmise. Tel est le Mystère merveilleux que nous avons reçu ... L’Eglise de Rome en a fait – tardivement – le « Dogme de l’Assomption ». Nous les orthodoxes nous respectons le Mystère.
B) Parenthèse non inutile : stupeur d’un catholique italien qui me sait orthodoxe lorsque je lui parlais de la dormition de la Mère de Dieu : « Parce que, pour vous, elle est Mère de Dieu ? » Il croit en l’Assomption, mais il ne sait pas que le Christ est Dieu !
Nous, nous Lui disons, tous les samedis : « Tu es notre Dieu : nous n’en connaissons pas d’autre que Toi ». Le Christ n’est pas notre Mahomet ! Avec l’Eglise, affirmons résolument la Maternité divine de la Mère de Dieu et la Divinité du Christ – car la Trinité que nous a révélée le Christ Lui-même – est consubstantielle et indivisible. Souvenons-nous aussi de cette réponse du Christ à l’Apôtre Philippe qui lui demandait de leur faire voir le Père : « Tu me le demandes depuis si longtemps que tu vis avec Moi ? Quiconque me voit, voit le Père ». Il n’y a pas d’autre icône du Père que le Fils.
II – Cette solennité merveilleuse d’aujourd’hui nous apporte encore de riches enseignements par les Lectures et par les Epîtres de la veille.
La lecture de la Genèse est le Songe de Jacob. Le saint patriarche s’est endormi sur la terre et il voit en songe une immense échelle qui monte jusqu'au ciel et sur laquelle s’appuie Dieu et par laquelle montaient et descendaient les anges. Elle monte au ciel, car elle est l’image de l’ascension spirituelle à laquelle nous sommes appelés. Mais elle repose sur la terre. Cette terre – la terre promise dont Dieu fait explicitement don à Jacob Israël. Mais cette terre est désormais l’Eglise – QUI EST L’ISRAËL DE DIEU.
La Lecture suivante est celle d’Ezéchiel qui voit la porte fermée par laquelle passera le Seigneur. Il y prendra son repas (Il s’incarnera) et Il ressortira par le même chemin, la porte restant fermée. C’est la virginité perpétuelle de Marie avant et après l’enfantement.
Des Proverbes, la Lecture prescrite est l’appel de la Sagesse aux Simples : « Vous recevrez l’intelligence » : telle est la prédication faite aux plus humbles. « Je Te loue, dit le Christ à son Père, d’avoir caché la sagesse aux Intelligents dont on connaît les prétentions, et de l’avoir révélée aux plus petits ».
L’épître aux Hébreux dit : « Souvenez-vous de vos évangélisateurs : Christ est le même, hier, aujourd’hui et toujours ». Cela nous dit la continuité intangible de la Foi Transmise.
Elle ajoute que Christ a été crucifié hors de la ville ; nous en effet, les chrétiens, nous n’avons pas de cité terrestre. Offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange – ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui – car notre vraie cité est la cité céleste.
III – Ainsi avertis, en particulier sur la sagesse révélée aux humbles, avançons-nous maintenant au cœur de la célébration en cours. La Mère de Dieu et toujours Vierge Marie est, selon l’enseignement de l’Eglise, « la plus haute de toutes les créatures ». Elle est l’incorruptible Fleur céleste et c’est elle que nous célébrons. Mais, PARADOXALEMENT – en apparence du moins … – l’évangile de la Fête ne parle pas d’elle. Il loue une autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare … Or, notez-le, ce n’est pas une inadvertance qui serait nôtre : c’est la Tradition de toute l’Eglise, l’Eglise d’avant le schisme du XIe siècle car tel était aussi l’évangile de « l’Assomption » jusqu’au changement opéré par Pie XII en 1950 !
Mais la Vérité, Bien-aimés Frères et Sœurs, est plus grande que les apparences, la Transmission du Verbe transcende les simples paroles. L’évangile de ce jour se poursuit par une voix de femme s’élevant de la foule et disant : « Heureuses les entrailles qui T’ont porté … » Mais, Bien-aimés Frères et Sœurs, il n’y avait pas de foule, puisque Jésus était chez les deux sœurs et la voix de cette femme s’élevant de la foule c’était dans un autre épisode ! Cependant, l’Eglise toute entière nous a transmis cet évangile-ci avec ces deux parties accolées. L’anecdotique, en effet, est dépassé et avec cette fin accolée, l’évangile est vraiment celui de la Mère de Dieu. Marie a choisi « la meilleure part » : cela est vrai de la sœur de Marthe et plus encore de la Mère de Dieu, toujours en retrait, humble, apparemment effacée, et c’est à elle plus encore que s’applique la correction apportée par Jésus aux paroles de la femme de la foule : « Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la Parole de Dieu et qui la gardent ! ». Qui avait mieux gardé la Parole de Dieu que Celle en qui s’était incarné le Verbe, Dieu Parole ?
… « Toi incomparablement plus glorieuse que les Séraphins » nous écrions-nous après la lecture complète et contemplative de cet Evangile d’aujourd’hui.
Aussi, le prélude adapté à cette glorification de la plus humble et de la plus glorieuse de toutes les créatures était-il justement celui de la veille, comme toujours, celui de la Visitation :
« Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout Puissant a fait en moi de grandes choses ! »
AYANT EU LA GRÂCE DE PARTICIPER A CETTE FÊTE, glorifions sans cesse dans notre cœur Celle qui fut par son humilité et qui continue d’être, incomparablement, le réceptacle de Dieu !
AMIN