Печать
Категория: La France Orthodoxe
Просмотров: 10

Le bon Samaritain

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ, aujourd’hui le saint Évangile nous donne la parabole du Bon Samaritain, une parole tellement profonde que les saints Pères la considèrent comme un résumé de toute l’histoire du salut. Le Seigneur y dévoile non seulement le drame de l’humanité, mais aussi la manière dont Lui-même vient au secours de notre misère. Un docteur de la Loi demande au Christ ce qu’il doit faire pour hériter la vie éternelle, et comme il veut se justifier, il pose la question : qui est mon prochain.

Pour répondre, le Seigneur ne donne pas une définition, mais une histoire, une image vivante et lumineuse. Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Cette phrase semble banale, mais elle est chargée de sens. Jérusalem représente la cité divine, l’état de paix et de communion avec Dieu, l’image du paradis. Là où l’homme est créé pour vivre en présence du Seigneur. Jéricho au contraire symbolise l’enfer, la région basse et desséchée où souffle le vent brûlant du désert, le lieu de la chute et de la perdition. Ainsi, l’homme qui descend figure l’humanité entière, qui au lieu de demeurer en Dieu se détourne de Lui et glisse vers les profondeurs de la mort spirituelle. Chaque fois que nous nous éloignons du Seigneur, nous marchons nous aussi vers Jéricho.

Sur ce chemin dangereux, les brigands surgissent. Ils dépouillent l’homme, le frappent et le laissent à demi mort. Ces brigands sont les démons, qui guettent toujours l’âme dès qu’elle se détourne de Dieu. Les Pères disent qu’ils nous dépouillent de la robe lumineuse reçue au baptême, qu’ils nous volent la paix du cœur et qu’ils blessent l’âme par les passions, la colère, la jalousie, l’orgueil, la paresse. Quand l’homme quitte le bon chemin, il devient vulnérable, et les forces ennemies de Dieu l’encerclent pour le réduire à l’impuissance.

Le prêtre et le lévite passent à côté de lui. Ils voient, mais ne s’arrêtent pas. Eux aussi descendent vers Jéricho. Ils représentent le sacerdoce de l’Ancien Testament et la royauté ancienne, qui n’avaient ni le pouvoir ni parfois même la volonté de sauver l’humanité. Leur regard ne suffit pas, leur compassion est insuffisante, leur aide est impossible. La Loi pouvait montrer le mal, mais pas le guérir. La royauté pouvait organiser le peuple, mais ne pas vaincre la mort. Ces deux figures marchent vers le bas, vers Jéricho, incapables de remonter l’homme vers Dieu.

Alors survient celui que personne n’attend, un Samaritain, un étranger méprisé par les Juifs. Lui qui paraît lointain est en réalité le seul proche. Il est l’image du Christ Lui-même, venu d’une région que les hommes ne connaissent pas. Il s’approche. Il s’arrête. Il se penche. Ce Dieu que l’humanité méprisait et ignorait devient l’Unique qui se fait proche de son souffrant. La miséricorde divine brise tous les préjugés humains.

L’huile qu’il verse sur les plaies symbolise les saints sacrements, les dons de guérison de l’Église, l’onction du Saint-Esprit qui apaise et illumine. L’huile adoucit les blessures, comme la grâce apaise les passions. Le vin versé sur les plaies représente le Sang précieux du Christ, qui purifie et sanctifie le cœur, et qui sera répandu sur la Croix pour toute l’humanité. Le Samaritain charge l’homme sur sa monture, signe que le Christ prend notre nature et porte sur Lui-même nos faiblesses. Il conduit le blessé jusqu’à l’auberge, qui est l’image de l’Église, le lieu où les âmes sont guéries, nourries, instruites, fortifiées.

Dans l’aubergiste, les Pères voient l’image du clergé chargé de soigner les âmes avec les dons que le Seigneur a laissés. Les deux deniers confiés à l’aubergiste symbolisent l’Ancien et le Nouveau Testament, l’un annonçant le salut, l’autre révélant le Sauveur. Ces deux trésors suffisent pour conduire chaque âme à la guérison jusqu’au retour du Seigneur, quand Il reviendra achever toute justice.

À la fin, le Christ demande lequel a été le prochain de l’homme blessé. Et l’enseignant de la Loi ne veut même pas prononcer le mot “Samaritain”, tant il méprise ce peuple. Il dit seulement “celui qui a exercé la miséricorde”. Comme si ce mot brûlait sa langue. Comme si son cœur refusait d’admettre que l’étranger, l’impur, le méprisé, était plus proche de Dieu que ceux qui se croyaient justes. Ainsi, le Seigneur montre que la véritable proximité ne dépend pas des étiquettes religieuses ou des frontières humaines, mais de la miséricorde qui se penche et qui guérit.

Cette parabole nous dit que le Christ est venu nous chercher alors que nous descendions vers la mort, que les forces du mal nous avaient blessés, que la Loi ne pouvait nous sauver, et que seule sa compassion a pu nous relever. Elle nous dit que l’Église est l’auberge où se poursuit notre guérison. Elle nous dit que les Écritures sont les deux deniers qui nourrissent l’âme. Elle nous dit que nous aussi devons devenir miséricordieux, non par simple sentiment, mais en imitant le mouvement même du Christ qui s’arrête, qui voit, qui touche et qui relève.

C’est dans ce même esprit de compassion que nous rappelons brièvement les saints hiérarques de l’Église Russe Hors Frontières, les saints Antoine, Anastase, Philarète et Vitaly. Ils furent comme des aubergistes fidèles, veillant sur les blessés de l’exil et portant la miséricorde du Bon Samaritain à ceux qui avaient tout perdu. Saint Antoine avait la douceur d’un père. Saint Anastase la fermeté humble d’un pasteur dans la tourmente. Saint Philarète la pureté du cœur et la parole de vérité. Saint Vitaly l’infatigable dévouement pastoral. Tous ont montré par leur vie que la guérison des âmes est l’œuvre du Christ, mais que le clergé doit y coopérer avec amour, patience et fidélité.

Frères et sœurs, demandons au Seigneur qu’Il fasse de nous des imitateurs du Bon Samaritain. Que nous cessions de descendre vers Jéricho pour remonter vers Jérusalem. Que nous laissions le Christ verser en nous l’huile et le vin de Sa grâce. Et que nous devenions, à notre tour, porteurs de miséricorde pour tous ceux que Dieu place sur notre chemin. Afin qu’au dernier jour, nous puissions reconnaître Celui qui s’est penché sur nous, et entendre Sa voix nous dire : entre dans la joie de ton Seigneur. Amen.

Que Dieu vous garde!

 

Prêtre Zhivko Zhelev